Souvent les patients me disent « j’aimerai tellement avoir confiance en moi » ou « pourquoi je doute tout le temps ? » ou « pourquoi je suis si sensible au regard des autres ? ». Ce sont de questions partagées par un grand nombre de personnes.

La confiance en soi, comme la confiance en les autres, ne se décrète pas. Elle s’acquière pas à pas, elle se cultive petit à petit, au fur et à mesure des expériences positives traversées.
Erik Erikson, dans les étapes du développement psychosocial de l’enfant qu’il a établi, nous dit que la confiance (versus la méfiance) s’instaure dès les touts premiers temps de la vie, c’est la 1ère étape du développement.
Chaque bébé, chaque fœtus, dès sa conception, a un potentiel de croissance, de développement, qui le rend actif dans le lien à autrui. Cet élan de vie et de développement repose sur une confiance, que je nommerai, fondamentale en soi et en l’autre. Sans cette confiance fondamentale, le bébé n’aurait pas la force de surmonter toutes les épreuves qui l’attendent et d’accomplir tous les exploits qu’il doit traverser. Ces exploits tels que la douleur de la naissance, l’attente de la nourriture qui tarde à venir, marcher, se faire comprendre des adultes, apprendre à parler et faire un nombre incalculable d’apprentissages durant toute l’enfance et l’adolescence. L’adolescence durant laquelle il devra affronter tant de bouleversements physiques, physiologiques et psychiques.
Cependant, le bébé étant dépendant de son environnement, il ne peut faire autrement que de compter sur celui-ci. Et parfois ses espoirs sont déçus, parfois l’environnement n’apporte pas suffisamment de bons soins, pour faire écho à l’expression de Winnicott (« être une suffisamment bonne mère »). Alors l’enfant choisit le repli sur soi, la méfiance, en guise de protection. L’enfant peut aussi être victime de traumatismes ce qui contribue à fragiliser la confiance qu’il a en lui et la confiance qu’il accorde aux autres.
Ces moments difficiles dans la vie de l’enfant, ces « désaccordages », peuvent contribuer à ce qu’il se coupe de ses ressentis pour ne pas vivre la douleur de ces épreuves.
Dans les cas de traumatismes majeurs, l’enfant, par protection, peut se dissocier.
La dissociation est un mécanisme de défense, de protection, qui permet au psychisme de ne pas ressentir la douleur, celle-ci étant trop insoutenable pour l’individu. La personne « sort de son corps », se détache d’elle-même, de la situation. La dissociation peut créer également une amnésie totale ou partielle.
Comment faire quand cette confiance s’ébranle avec le temps, voire vacille complètement ?
Comment la reconquérir ? Comment la faire renaître à l’intérieur de soi ? Comment la recontacter ? Comment faire pour qu’elle nous permette de tenir debout malgré les coups de vent, voire les tempêtes ?
Une piste ne serait-elle pas de mieux se connaître ? De mieux savoir qui on est ? Et d’accepter qui on est simplement, tranquillement sans chercher à correspondre à quelque chose que l’on n’est pas. Se reconnecter à soi.
Et puis notre corps n’est il pas là, si on arrive à écouter les signaux qu’il nous envoie, pour nous indiquer ce qui bon pour nous et ce qui ne l’est pas. Ne pouvons-nous pas lui faire confiance ? N’est-ce pas un bon baromètre, une bonne boussole pour nous guider dans la vie ?
Et comment faire quand le corps est anesthésié, ponctuellement ou à répétition, et donc de manière plus durable ? Comment faire quand la personne a perdu ses points d’ancrage, ses repères ? Comment faire quand sa boussole ne fonctionne plus ?
Une des voies est de ré-exercer cette boussole interne, de ré-écouter son corps, d’écouter ce qu’il nous dit. Est-ce qu’il nous dit « oui » ou est-ce qu’il nous dit « non » ? Le mouvement interne est il « un élan vers » ou « un mouvement de recul » ?
Et pour cela, il faut re-développer nos antennes, nos 5 sens, notre intuition. Ce sont des indicateurs fiables qui nous permettent de savoir ce qu’on aime et ce qu’on n’aime pas, ce qui est bon pour nous ou pas. Et c’est en cultivant cela, en étant plus proche de nous-même que nous pouvons alors savoir qui nous sommes, ce dont nous avons besoin ou envie, trouver notre place, s’aligner avec nous-même, se faire confiance. Notre baromètre interne est alors plus fiable et nous permet de sélectionner à qui on peut accorder notre confiance. Ainsi, de cette confiance en soi naît la confiance en l’autre.
Et c’est par le renouvellement d’expériences positives, de soi à soi et dans la relation à autrui, que la confiance peut grandir, s’ancrer, tel un chemin qui se construit petit à petit...
La confiance en soi ne veut pas dire être sûr de soi, ne veut pas dire ne jamais douter. C’est important de douter pour re-interroger certains choix ou s’ajuster aux évolutions de la vie.
Mais la confiance en soi permet de pouvoir faire face à l’incertitude, à l’inconnu, permet d’oser de nouvelles expériences et de ne pas fuir ou renoncer avant même d’avoir essayer.
Et n’oublions pas que les erreurs, nous en commettons tous, sont riches d’enseignements et nous font grandir, cultivons-les !
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